Au cours du premier trimestre 2025, la population du Canada n'a augmenté que de 0,6 %. C'est le taux le plus bas depuis quatre ans. La raison ? Les règles d'immigration se durcissent.
Cet article analyse les causes de ce ralentissement et son incidence sur les travailleurs étrangers, les étudiants et les employeurs au Canada.
Depuis des années, le moteur démographique du Canada est l'immigration, en particulier l'arrivée de résidents non permanents tels que les étudiants étrangers, les travailleurs étrangers temporaires et les demandeurs d'asile. Cependant, au début de 2025, le gouvernement fédéral a introduit des règles plus strictes pour répondre à la pression sur le logement, aux arriérés du système et aux préoccupations du public concernant les niveaux d'immigration.
Selon Statistique Canada, le nombre de nouveaux résidents non permanents a chuté de façon spectaculaire, passant de 184 495 au quatrième trimestre 2024 à 148 289 au premier trimestre 2025. Cette baisse de 20% a coïncidé avec la chute du taux de croissance démographique global du Canada à seulement 0,6 %, soit le taux le plus bas depuis 2021.
Les réductions les plus importantes ont été observées dans deux catégories principales : les approbations de permis d'études et les travailleurs étrangers temporaires parrainés par l'employeur dans le cadre du processus d'EIMT. Pendant ce temps, des provinces comme le Québec ont également mis en place des moratoires régionaux, comme le gel actuel des demandes d'EIMT dans les secteurs de la construction au sein des zones urbaines.
Cette contraction du nombre d'admissions a des répercussions, non seulement pour les immigrants, mais aussi pour les secteurs qui dépendent de la main-d'œuvre étrangère pour répondre à leurs besoins en personnel.
Parmi les principaux changements de politique, citons le plafonnement des admissions d'étudiants étrangers, des approbations de permis de travail plus strictes dans le cadre de l'EIMT et des retards dans le traitement des demandes de résidence permanente.
Principaux impacts par catégorie d'immigration
Catégorie | Impact clé | Exemple |
Étudiants internationaux | Plafonnement des permis d'études et réduction de l'accès au PGWP | Étudiants rejetés en raison des limites provinciales d'admission en Ontario |
Travailleurs temporaires | Nouvelles restrictions et retards liés à l'EIMT | Un travailleur de la construction en Alberta attend 4 mois pour l'approbation de l'EIMT |
Candidats à la RP | Moins de tirages au sort pour Entrée express, avec des scores moins élevés | Un travailleur qualifié ayant obtenu 460 points au CRS n'a pas été invité à participer au dernier tirage. |
Employeurs | Difficulté à recruter des talents étrangers | Une usine de transformation alimentaire au Québec ne peut pas recruter en raison du gel de l'EIMT dans la région |
Le ralentissement des admissions de résidents temporaires perturbe également les objectifs d'immigration à long terme. De nombreux travailleurs étrangers comptent sur l'emploi basé sur l'EIMT pour devenir admissibles à la résidence permanente canadienne par le biais de la catégorie de l'expérience canadienne (CEC) ou des programmes des candidats des provinces (PCP).
Avec moins d'offres d'emploi approuvées en vertu des règles de l'EIMT et des délais plus longs pour les demandes de RP, les candidats sont confrontés à une incertitude croissante. Les tirages au sort d'Entrée express sont devenus plus sélectifs, ciblant souvent des compétences sectorielles spécifiques ou des candidats francophones. Au début de l'année 2025, on a observé moins de tirages pour l'ensemble des programmes, et les seuils minimaux du SIR sont restés élevés.
En outre, les étudiants étrangers voient les restrictions d'accès aux permis de travail post-diplôme (PGWP) se resserrer, en particulier ceux qui étudient dans des collèges privés ou en dehors des partenariats publics. Ces changements risquent de réduire la réserve future de diplômés éligibles à la RP.
Les candidats dans les secteurs moins prioritaires ou avec des scores SIR modérés sont maintenant obligés de réévaluer les délais ou de chercher des filières régionales avec moins d'obstacles (en particulier dans les zones francophones ou rurales).
Le ralentissement des approbations de permis de travail retarde l'éligibilité à la RP des travailleurs au Canada. Les tirages au sort d'Entrée express sont devenus moins fréquents et moins nombreux.
Les étudiants étrangers qui s'attendaient à passer à un permis de travail après l'obtention de leur diplôme peuvent être confrontés à des limites ou à de nouvelles exigences en vertu des récentes lignes directrices de l'IRCC.